Au centre de la place de la Bastille à Paris se dresse depuis 1840 la Colonne de Juillet qui commémore les « Trois Glorieuses », c’est-à-dire les trois journées de la Révolution de juillet 1830 qui mirent fin au règne de Charles X et instaurèrent la Monarchie de Juillet.
Louis-Philippe 1er, devenu roi des Français, la commanda à l’architecte Jean-Antoine Alavoine. Inspirée de la Colonne Trajane à Rome et haute de 50 mètres, elle est érigée à partir de 1835 à l’emplacement de l’ancienne forteresse de la Bastille dont la destruction est un symbole de la Révolution de 1789. Sa base est en réalité celle de la fontaine en forme d’éléphant qui était initialement projetée par l’empereur Napoléon Ier au-dessus du canal de l’Ourcq. C’est dans la maquette grandeur nature de ce pachyderme en bois et plâtre qu’habite Gavroche, gamin des rues du roman Les Misérables de Victor Hugo.
Sur le fût de cette colonne d’ordre corinthien est gravé en lettres d’or le nom des 504 victimes des 27, 28 et 29 juillet 1830. Leurs dépouilles furent transférées en grande pompe en 1840 dans la crypte du monument lors de son inauguration, au son d’une symphonie composée pour l’occasion par Hector Berlioz. Cette nécropole abrite également environ 200 victimes de la Révolution de 1848. Symbole par excellence des révolutions parisiennes du XIXe siècle, c’est en effet au pied de cette colonne que, ironie de l’histoire, le trône de Louis-Philippe sera brûlé en 1848, entraînant la fin de la monarchie en France.
Au sommet de la colonne brille la sculpture en bronze doré du Génie de la Liberté. Réalisée en 1836 par Auguste Dumont, cette allégorie de la liberté rompt avec la tradition d’une représentation féminine portant un bonnet phrygien. Haut de 4 mètres, ce génie masculin à la nudité athlétique est sur le point de déployer ses ailes et de s’envoler. Couronné d’une étoile, symbole de lumière, il porte dans ses mains le flambeau de la civilisation et les chaînes brisées du despotisme.
Les éléments décoratifs de la Colonne furent confiés à l’architecte Joseph-Louis Duc. On y trouve les armes de la ville de Paris avec sa nef insubmersible, des palmes pour honorer les martyrs de la Révolution ainsi que des symboles d’éternité tels des rameaux de chêne et des couronnes d’immortelles.
Les médaillons circulaires du soubassement représentent des éléments symboliques du régime de la Monarchie de Juillet comme le principe de monarchie constitutionnelle (Charte de 1830) ou l’ordre décoratif créé par Louis-Philippe (Croix de Juillet). Un symbole important de la Colonne de Juillet est celui de la balance. Les deux plateaux suspendus au fléau sont depuis l’Antiquité l’attribut de la déesse grecque Thémis et donc l’emblème de la justice. La balance est un symbole d’équité entre les parties en conflit dans le système judiciaire tout autant qu’un symbole d’équilibre et de mesure nécessaires dans la société.
Le socle en bronze de la Colonne est orné à ses angles de coqs gaulois, symbole de la France depuis l’époque antique. Outre le coq, on trouve également plusieurs occurrences du lion sur la Colonne. Le lion en relief du socle, en particulier, dû au grand sculpteur animalier du XIXe siècle Auguste-Louis Barye, est à la fois un symbole de force et une référence au signe astrologique du mois de juillet.
Classée monument historique depuis 1995, la Colonne de Juillet est, par son emplacement, son histoire et son décor, un symbole intemporel de la République et de la Liberté…et de la Bastille Day Newsletter de Navacelle !