Vidéo
19 novembre 2015

France 24 – Attentats de Paris – L’État d’urgence prolongé : quelles conséquences ?

Stéphane de Navacelle interrogé sur les conséquences du vote par le parlement de la loi prolongeant l’état d’urgence en France.

 

France 24 : L’État d’urgence prolongé : quelles conséquences ? Pour en parler j’accueille sur mon plateau Stéphane de Navacelles. Vous êtes avocat au barreau de Paris et de New York.

Pour qu’on comprenne bien de quoi il s’agit parce qu’on parle aussi des entraves aux libertés, donc il faut être très précis. Que prévoyait jusqu’à présent l’état d’urgence ?

SN : Ce que prévoyait l’état d’urgence, c’est ce qui a été mis en œuvre par le décret qui a été pris à minuit, c’est-à-dire le samedi, le lendemain matin des attentats, annoncé par le président Hollande.

Il avait deux options constitutionnelles qu’il a écartées, celle qui prévoit l’état de siège, intervention de l’armée, contrôle du territoire ; celle qui prévoit la situation exceptionnelle, mais qui suggère une désorganisation complète de l’État. Il a écarté ces deux moyens constitutionnels pour se mettre dans un système qui est à côté de la constitution, et c’est ça qui choque beaucoup un certain nombre de juristes et comme nous le verrons il a pris des mesures très fortes, de pouvoir de la police très étendu, et ça également c’est sujet à question.

Il a recours à l’état d’urgence qui est une loi qui a été mise en œuvre au moment de la guerre d’Algérie et qui a été mise en œuvre à seulement six reprises depuis la Seconde Guerre mondiale; 3 fois dans le cadre de la guerre d’Algérie, une fois en 1985, une fois il y a 10 ans jour pour jour, parce qu’elle a été adoptée en 2005 à l’occasion des émeutes.

Elle prévoit des pouvoirs extrêmement étendus pour un certain nombre de représentants de l’État, le ministre de l’Intérieur, la police, les militaires, et les préfets de départements.

 

France 24 : Donc il y a cet état d’urgence qui est prolongé pour trois mois et en plus on étoffe le dispositif. En quoi cela consiste-t-il ?

SN : Alors je vais prendre un exemple qui est assez simple. Dans l’état d’urgence loi de 55, les conditions d’intervention de perquisition et de placement sous surveillance, pardon d’assignation à résidence, il fallait pour ces deux mesures que les actions la personne soient une menace effective pour l’ordre public. Or, aujourd’hui dans ce qui est adopté par l’Assemblée nationale ce matin, et très probablement demain par le Sénat, il suffit qu’il y ait une raison sérieuse de penser que le comportement de la personne puisse constituer une menace à l’ordre public. Alors on est dans les raisons sérieuses d’une menace potentielle. Vous voyez la différence avec « les actions la personne sont une menace ».

 

France 24 : Et puis les militaires, les policiers qui vont pouvoir utiliser leurs armes.

SN : Alors ça c’est une autre chose qui n’est pas spécifiquement prévue par l’état d’urgence mais qui est une modification réglementaire, qui était demandée depuis longue date par les syndicats de policiers, qui est de leur permettre en dehors de leur service de porter une arme, leur arme de service alors même qu’ils n’ont pas de protections les plus élémentaires. Les conditions sont assez simples, il suffit d’avoir un brassard qui fait état de leur qualité, d’avoir un minimum d’entraînement récent et bien sûr de prévenir leur hiérarchie, et alors porter leur arme de service en toutes circonstances. Ça veut aussi dire que vous avez au quotidien autour de vous des gens armés et des gens qui sont à bout, il faut dire qu’ils sont très sollicités.

 

France 24 : La magistrature avait manifesté ses inquiétudes. C’est vrai qu’on s’inquiète d’entrave aux libertés avec ce dispositif.

SN : C’est toute la difficulté des magistrats, les avocats, le bâtonnier de Paris est intervenu hier et il y a une restriction par exemple aux perquisitions. On a 4 exceptions : avocats, magistrats, journalistes c’est entendu et les parlementaires qui se sont exclus eux-mêmes de la Loi on peut le comprendre. Donc on a pris en compte un certain nombre de ces critiques et on utilise l’argument de l’état d’urgence et de la limite dans le temps de ces mesures.

 

France 24 : Merci beaucoup d’être venu sur ce plateau pour nous expliquer tout ça.

Contenu similaire

Publication
8 juillet 2025
Bastille Day newsletter 2025
Pour le 14 juillet, l’équipe Navacelle vous propose, comme chaque année, un aperçu des événements marquants survenus en France au...
Analyse
19 mai 2025
CJIP Paprec : retour sur la répression pénale en cas de violation des règles d’attribution...
Le 10 février 2025, Paprec a signé une Convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) afin de mettre fin aux poursuites à...
Revue de presse
7 novembre 2025
Revue de presse – Semaine du 3 novembre 2025
La revue de presse revient cette semaine sur la saisine de la Cour suprême des États-Unis concernant la légalité des...
Actualité
6 novembre 2025
Nomination : Vincent Filhol rejoint Navacelle en tant qu’associé
Navacelle annonce l’arrivée de Vincent Filhol en qualité d’associé, renforçant sa pratique en droit pénal des affaires, enquêtes et conformité....
Analyse
5 novembre 2025
Une proposition de loi pour moderniser et renforcer les pouvoirs de l’AMF
Le 16 septembre 2025, une proposition de loi a été déposée à l’Assemblée nationale visant à accroître les pouvoirs de...
Revue de presse
31 octobre 2025
Revue de presse – Semaine du 27 octobre 2025
La revue de presse revient cette semaine sur la décision de la remise en liberté de l’ancien banquier Wahib Nacer,...
Publication
24 octobre 2025
CumCum : CACIB conclut un accord avec le Parquet National Financier
Navacelle contribue au magazine The Legal Industry Reviews, dans sa section "Regulatory and Sanctions", en présentant l'accord conclu par CACIB...
Revue de presse
24 octobre 2025
Revue de presse – Semaine du 20 octobre 2025
La revue de presse revient cette semaine sur la mise en demeure d’Airbus Atlantic par la Ligue des Droits de...
Revue de presse
17 octobre 2025
Revue de presse – Semaine du 13 octobre 2025
La revue de presse revient cette semaine sur le classement sans suite par le parquet suisse d’une procédure visant le...
Revue de presse
10 octobre 2025
Revue de presse – Semaine du 6 octobre 2025
La revue de presse revient cette semaine sur les accusations de détournement de 9 M€ d’aide au développement vers la...
Revue de presse
3 octobre 2025
Revue de presse – Semaine du 29 septembre 2025
La revue de presse revient cette semaine sur la reconnaissance de culpabilité d’une femme d’affaires devant la Southwark Crown Court...
Événement
26 septembre 2025
Dilemmes éthiques de l’avocat en matière de conformité et de criminalité financière...
Une table-ronde organisée lors du Concilium Network Global Summit à Varsovie le 26 septembre 2025, co-organisé par Navacelle.
Revue de presse
26 septembre 2025
Revue de presse – Semaine du 22 septembre 2025
La revue de presse revient cette semaine sur l’accord conclu par UBS mettant fin à un long contentieux fiscal en...
Analyse
22 septembre 2025
CJIP Surys : une amende, une peine de mise en conformité et une indemnisation de...
Le 8 juillet 2025, la société SAS Surys a signé une convention judiciaire d’intérêt public pour des faits de corruption...